Opposition russe : Ilia Iachine ira loin si…

Ilia Iachine ira loin, si les petits cochons ne le mangent pas. Le jeune opposant russe ne manque pas d’arguments, ni de tchatche quand il évoque la situation politique dans son pays à deux semaines d’une élection présidentielle qui ne peut, semble-t-il, qu’introniser de nouveau Vladimir Poutine. Animateur du mouvement dissident Solidarnost, âgé de moins de 30 ans, il était à Paris ces jours-ci. Nous l’avons rencontré lors d’un petit-déjeuner à la brasserie Lipp organisé par l’Association des journalistes France-Russie, rencontre à laquelle participait aussi Mikhaïl Sokolov, rédacteur en chef de l’antenne moscovite de Radio Liberty.

PARIS – « Il ne faut pas se faire d’illusions : ce qui se passe en Russie n’a aucun rapport avec des élections telles qu’on les entend en Occident. La question de savoir si Poutine sera élu dès le premier tour, eh bien c’est lui qui en décidera. » Selon Ilia Iachine, représentant du mouvement non officiel Solidarnost, « l’opposition n’a aucun moyen de peser sur le scrutin du 4 mars. Elle ne peut que protester contre la manière dont les choses se passeront. Il explique qu’a été entrepris un travail de formation des observateurs pour pouvoir constater d’éventuelles irrégularités et en diffuser les preuves sur internet.

A ses côtés, le patron de la rédaction de Radio Liberty à Moscou, Mikhaïl Sokolov, nuance le propos en expliquant que « le pouvoir tente de donner un peu de légitimité au vote en changeant par ci par là tel ou tel gouverneur.  Cela peut, selon lui, gripper la machine à truquer et contraindre à un second tour« .

Que se passera-t-il après le 4 mars ? Bien que ce soit passablement imprévisible de l’aveu même d’Ilia Iachine, il est certain, selon lui, qu’il y aura des manifestations, la population étant toujours très mobilisée. Comment réagira le pouvoir ? Soit en frappant fort en procédant à des arrestations massives. Soit, à l’inverse, en permettant que les élections législatives qui suivront se fassent à la régulière, sans toutefois annuler pour autant le résultat de la présidentielle.

Mikhaïl Sokolov voit pour sa part une variante intermédiaire : le pouvoir négocierait avec l’opposition en lâchant un peu de lest. Poutine pourrait ainsi choisir un chef de gouvernement plus présentable qu’un Dmitri Medvedev, l’actuel chef de l’Etat aujourd’hui totalement discrédité. Il cite le nom de l’ex-ministre des finances Alexeï Koudrine qui a été limogé par Medvedev en septembre dernier.

Au-delà de ces supputations, MM. Iachine et Sokolov estiment que la véritable cote de popularité de Vladimir Poutine ne dépasse pas les 30-35%, « dans le meilleur des cas« . Ce pourcentage correspond à ce tiers de la population russe qui est réceptive, selon eux, au discours nationaliste et anti-occidental.

Ilia Iachine et Mikhaïl Sokolov (à droite) face à la presse le 16 février 2012 à Paris

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