A saute-mouton sur la frontière

dans-lenclave-francaise-de-cointrin.1214779448.JPGGENEVE-COINTRIN – On peut passer d’un pays à l’autre presque sans s’en rendre compte. Seuls les panneaux routiers sont légèrement différents : en Suisse, ils ont un je-ne-sais-quoi de plus strict, de plus carré, même lorsqu’ils sont ronds. Les petites routes ont des poste-frontière inoccupés où l’on vous avertit par voie d’affichage que vous n’êtes pas censé les emprunter avec de la marchandise commerciale ou une grosse somme d’argent. L’aéroport de Genève-Cointrin a une enclave française qui permet d’accéder à l’aérogare par une route encadrée d’une clôture hermétique. Tout autour, c’est la Suisse mais ce cul-de-sac reste français.

Cointrin, est un aéroport bucolique entre Jura et Léman. Tout près des pistes, à un jet de pierre de la France, quelqu’un élève des cochons au fond de son jardin. Le bruit des avions ne semble pas les perturber : ils pataugent en grognant et en farfouillant dans la fange, non loin de deux militaires suisses armés de pistolets mitrailleurs. Ceux-ci tuent leur ennui en bavardant à côté de leurs bicyclettes couchées dans l’herbe.

Je contemple un moment les avions, avec la blancheur des Alpes pour horizon. Je ne suis pas totalement à l’aise car je me demande si je ne vais pas finir par susciter la méfiance des deux jeunes hommes en treillis. Cela me vient peut-être de ma mésaventure avec un garde-frontière tchécoslovaque qui n’avait pas apprécié que je prenne des photos en 1971 (voir chronique « Rideau » du 20/12/07) ou la baffe reçue d’un de ses homologues yougoslaves, un an plus tard, à la frontière italienne pour être descendu du train avant d’y avoir été invité… 

Je reste encore un peu, puis remonte sur mon vélo et regagne la France à travers champs, croisant les promeneurs du soir avec leur chien.

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